La France, bordée par l’Atlantique, la Manche et la Méditerranée, possède l’un des plus beaux patrimoines maritimes d’Europe. Parmi ses trésors souvent méconnus figurent ses phares : sentinelles solitaires dressées au bord des falaises, sur des îlots battus par les vents ou à l’embouchure des estuaires. Plus que de simples aides à la navigation, ces monuments de pierre et de lumière racontent l’histoire de la marine, de l’ingénierie côtière et des communautés côtières françaises.
Dans cet article, nous vous emmenons à la découverte des phares les plus emblématiques de France à visiter, des côtes bretonnes aux rivages méditerranéens, en passant par la Normandie et les Pyrénées-Atlantiques. Que vous soyez passionné d’histoire, amoureux des paysages marins ou simplement en quête d’une escapade originale, ces phares offrent une expérience unique, à la fois poétique et éducative.
Pourquoi visiter un phare en France ? Une expérience riche en émotions et en enseignements
Avant de plonger dans notre sélection, il est utile de comprendre l’importance culturelle, historique et technique de ces édifices. Les phares ont été construits depuis le XVIIIe siècle pour sécuriser la navigation maritime, éviter les naufrages et guider les marins vers les ports. En France, le Service des phares et balises, créé en 1811 sous Napoléon Ier, a été à l’origine d’un programme de construction massif qui a façonné le littoral français tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Visiter un phare, c’est donc :
- Remonter le temps à travers l’architecture maritime du XIXe siècle.
- Comprendre les défis techniques des ingénieurs de l’époque (matériaux, systèmes d’éclairage, résistance aux tempêtes).
- Profiter de vues panoramiques exceptionnelles sur l’océan, les côtes et parfois même les îles alentour.
- Soutenir la préservation du patrimoine maritime, souvent géré par des associations locales ou des collectivités.
De plus, de nombreux phares sont désormais ouverts au public, transformés en musées, gîtes ou centres d’interprétation. C’est l’occasion idéale pour combiner randonnée, culture et détente, que l’on explore ces sites en groupe ou dans le cadre de la joie et défi de voyager seul.
1. Le phare du Créac’h (Ouessant, Finistère)
La « Maison des phares »
Situé sur l’île d’Ouessant, à l’extrémité ouest de la Bretagne, le phare du Créac’h est le plus puissant d’Europe. Haut de 55 mètres, il émet un rayon lumineux visible à plus de 60 kilomètres à la ronde. Construit en 1863 par les ingénieurs Léonce Reynaud et Henry Lepaute, il fait partie intégrante du patrimoine maritime français.
Ce phare abrite aujourd’hui le musée du Phare, également surnommé « la Maison des phares », qui retrace l’histoire de l’éclairage maritime en France. On y découvre des lentilles de Fresnel (inventées par le physicien Augustin-Jean Fresnel, originaire de Normandie), des maquettes de phares et des témoignages de gardiens.
Pourquoi le visiter ?
- Il est classé Monument Historique depuis 2017.
- Le panorama depuis son sommet embrasse l’île d’Ouessant et le passage maritime très fréquenté entre l’Atlantique et la Manche.
- L’île d’Ouessant elle-même vaut le détour : nature préservée, sentiers côtiers, ambiance isolée et authentique.
Infos pratiques :
- Accès : ferry depuis Brest ou Le Conquet.
- Ouvert d’avril à septembre.
- Comptez environ 230 marches pour atteindre la lanterne.
2. Le phare de Cordouan (Gironde)
Le « Versailles des mers »
Érigé à l’embouchure de la Gironde, entre Royan et Le Verdon-sur-Mer, le phare de Cordouan est le plus ancien phare français encore en activité. Sa construction a débuté en 1584 sous Henri III et s’est achevée en 1611 sous Louis XIII. Classé Monument Historique dès 1862, il a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2021.
Conçu par l’architecte Louis de Foix, ce phare d’une hauteur de 67,5 mètres est un chef-d’œuvre de la Renaissance. Il comprend plusieurs étages décorés (chapelle, appartements du roi, salon doré), témoignant de l’importance symbolique qu’on lui accordait à l’époque. Ce monument illustre parfaitement les trésors que recèle la France secrète, loin des circuits touristiques classiques.
Pourquoi le visiter ?
- C’est un véritable château en mer, unique en son genre.
- L’UNESCO le considère comme « le prototype des phares modernes ».
- Une visite guidée en bateau vous permet d’accéder à l’îlot rocheux où il trône, offrant une expérience immersive et maritime.
Infos pratiques :
- Départ des visites en bateau depuis Royan ou Le Verdon.
- Réservation obligatoire (places limitées).
- La visite dure environ 3 heures, incluant le trajet aller-retour et la montée au sommet.
3. Le phare d’Ar-Men (Pointe de la Bretagne)
Le phare le plus exposé de France
Situé à 35 kilomètres au large de l’île d’Ouessant, le phare d’Ar-Men est l’un des plus isolés et des plus difficiles d’accès de France. Construit entre 1867 et 1881, il repose sur un rocher noyé à marée haute, ce qui a rendu sa construction extrêmement périlleuse.
Surnommé « l’enfer des gardiens de phare », Ar-Men n’est pas ouvert au public en raison de son éloignement et de son environnement hostile. Toutefois, il reste un symbole fort du génie maritime français et peut être aperçu depuis les excursions en bateau au large d’Ouessant ou de la pointe du Raz.
Intérêt patrimonial :
- Il illustre les limites de l’ingénierie humaine face à la puissance de l’océan.
- Automatisé depuis 1993, il continue de veiller sur l’une des zones de navigation les plus dangereuses d’Europe.
4. Le phare de la Jument (Finistère)
Celui qui a inspiré Le Gardien du Phare
Construit en 1911 sur un îlot à 300 mètres de la côte de l’île d’Ouessant, le phare de la Jument est devenu mondialement célèbre grâce à la photographie emblématique de Jean Guichard (1989), qui montre un gardien fuyant une vague géante. Cette image a inspiré le film Le Gardien du Phare (2016).
Haute de 43 mètres, cette tour élancée est un exemple typique de l’architecture des phares bretons du début du XXe siècle. Automatisée depuis 1991, elle reste un site impressionnant, visible depuis les falaises de l’île.
Pourquoi le visiter ?
- C’est un lieu iconique de la photographie maritime.
- Accessible en bateau lors de certaines excursions (observation uniquement).
- Parfait pour les amateurs de photographie, de vagues déchaînées et de solitude maritime.
5. Le phare de Gatteville (Manche, Normandie)
Le deuxième plus haut phare de France
Situé près de Cherbourg, dans la Manche, le phare de Gatteville domine la mer avec ses 75 mètres de hauteur – ce qui en fait le deuxième plus haut phare de France après celui de l’Île Vierge (voir plus bas). Construit en 1835, il a été reconstruit en 1953 après avoir été endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, il abrite un musée de la marine et des phares, installé dans l’ancien logement des gardiens. On y découvre la vie quotidienne des familles de gardiens, les instruments de navigation et l’histoire de l’éclairage maritime.
Pourquoi le visiter ?
- Panorama à 360° sur la Manche, les îles anglo-normandes et la côte.
- 365 marches à gravir (une par jour de l’année !).
- Animations pédagogiques pour les enfants pendant les vacances scolaires.
Infos pratiques :
- Ouvert d’avril à octobre.
- Parking gratuit à proximité.
- Visite libre ou guidée.
6. Le phare de l’Île Vierge (Finistère)
Le plus haut phare d’Europe en maçonnerie
Niché sur une petite île au large de Plouguerneau, dans le nord du Finistère, le phare de l’Île Vierge culmine à 82,5 mètres, ce qui en fait le plus haut phare d’Europe construit en pierre. Édifié entre 1897 et 1902, il est recouvert de granit de Logonna-Daoulas et décoré de bandes noires et blanches pour une meilleure visibilité de jour.
Classé Monument Historique en 2017, il est toujours en service et entretenu par la Direction interrégionale de la Mer Nord Atlantique-Manche Ouest (DIRM NAMO). Pour ceux qui cherchent à savoir comment parcourir la France en découvrant ses joyaux cachés, ce phare représente une étape incontournable sur la route du patrimoine maritime breton.
Pourquoi le visiter ?
- Une architecture monumentale mêlant fonctionnalité et esthétique.
- Accès à pied à marée basse (accompagné d’un guide agréé).
- Vue imprenable sur l’archipel de Molène et la mer d’Iroise.
Infos pratiques :
- Accès uniquement en visite guidée (réservation indispensable).
- Comptez 377 marches pour atteindre la lanterne.
- Fermeture en hiver pour raisons de sécurité.
7. Le phare de Port-Cros (Var, Méditerranée)
Le phare du Parc national
Situé sur l’île de Port-Cros, dans le Parc national de Port-Cros, ce phare contraste avec les phares bretons par son architecture méditerranéenne. Construit en 1862, il est perché sur les hauteurs de l’île, entouré de forêts de pins et de maquis.
Bien que non visitable à l’intérieur, le sentier menant au phare est l’un des plus beaux de l’île. Il permet d’admirer la faune marine (dauphins, mérous) et la flore protégée de ce parc national, le plus ancien d’Europe continentale.
Pourquoi le visiter ?
- Combinaison parfaite entre randonnée, nature protégée et patrimoine maritime.
- Ambiance paisible et loin des foules.
- Possibilité de snorkeling ou de plongée autour de l’île.
Infos pratiques :
- Accès en bateau depuis Hyères ou Le Lavandou.
- Réservation obligatoire pour l’accès au parc (quotas journaliers).
- Sentier balisé et sécurisé.
8. Le phare de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques)
Élégance basque et vue sur la Grande Plage
Construit en 1834 sur le rocher de la Vierge, le phare de Biarritz est l’un des symboles de la célèbre station balnéaire basque. Accessible par un pont suspendu offrant une vue spectaculaire sur la côte, il est entouré de sentiers maritimes et de spots de surf mondialement connus.
Haut de 47 mètres, il éclaire la côte basque avec une portée lumineuse de 43 kilomètres. Bien qu’il ne soit pas ouvert à la visite, le site est incontournable pour les amoureux de paysages océaniques et d’architecture côtière.
Pourquoi le visiter ?
- Photographie : coucher de soleil sur l’océan Atlantique.
- Culture basque : à combiner avec une visite du vieux port et des halles de Biarritz.
- Accessibilité facile, même en famille.
9. Le phare des Baleines (Île de Ré, Charente-Maritime)
Deux phares pour un seul cap
Situé à l’extrémité ouest de l’île de Ré, le phare des Baleines se compose en réalité de deux phares : l’ancien (1682) et le nouveau (1854). Le plus récent, haut de 57 mètres, est ouvert à la visite et offre une vue imprenable sur l’île, le pertuis d’Antioche et par temps clair, l’île d’Oléron.
Le site abrite également un musée consacré à la navigation et à l’histoire des naufrages, dont celui du navire La Baleine en 1649, à l’origine du nom du phare.
Pourquoi le visiter ?
- Famille-friendly : jeux pédagogiques, maquettes interactives.
- Accès vélo facile depuis Saint-Martin-de-Ré.
- Boutique de produits locaux (sel, vins, souvenirs marins).
Infos pratiques :
- Ouvert tous les jours d’avril à septembre.
- Entrée payante (tarifs réduits pour les enfants).
- 257 marches à gravir.
10. Le phare de Kéréon (Ouessant)
Le phare aux 365 marches
Construit entre 1908 et 1916 sur l’îlot de Men Tensel, au sud-ouest d’Ouessant, le phare de Kéréon est un autre géant breton. Haut de 53 mètres, il est surnommé le « phare des 365 marches », en référence à son escalier en colimaçon.
Jamais automatisé jusqu’en 2010, il était l’un des derniers phares habités de France. Aujourd’hui, il est visitable lors d’excursions spéciales en bateau, offrant une plongée dans la vie des derniers gardiens.
Pourquoi le visiter ?
- Expérience rare : très peu de phares sont accessibles sur îlot isolé.
- Immersion totale dans l’histoire maritime bretonne.
- Vue exceptionnelle sur les courants de la mer d’Iroise.
Conseils pratiques pour visiter les phares de France
- Privilégiez la saison estivale (mai à septembre) : la majorité des phares ne sont ouverts qu’en haute saison.
- Réservez à l’avance, surtout pour les phares accessibles en bateau (Cordouan, Kéréon).
- Portez des chaussures confortables : les visites impliquent souvent des centaines de marches.
- Vérifiez les conditions météo : certaines visites sont annulées en cas de vents violents ou de mer agitée.
- Respectez les règles de sécurité : les phares sont des installations maritimes actives, parfois dangereuses.
Conclusion : Lumière, histoire et mer – un héritage à préserver
Les phares de France ne sont pas que des balises pour les marins : ce sont des témoins vivants de notre relation avec la mer, des symboles de résilience et d’ingéniosité, et des lieux d’émerveillement pour les voyageurs curieux. Les visiter, c’est aussi contribuer à leur préservation : de nombreuses associations (Phares et Balises, Conservatoire du Littoral, etc.) œuvrent pour les sauvegarder.
Alors, prêt à gravir les marches, à affronter le vent salé et à contempler l’horizon depuis ces sentinelles de lumière ? Que vous choisissiez le majestueux Cordouan, l’imposant Île Vierge ou le poétique phare de la Jument, chaque visite sera une expérience inoubliable, entre ciel, terre et océan.
Et vous, quel phare allez-vous visiter en premier ? N’hésitez pas à partager vos impressions en commentaire, ou à nous suivre pour plus d’idées de voyages patrimoniaux en France !
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